La date du 15 juillet de chaque année est reconnue comme la journée mondiale des compétences des jeunes. En instituant cette date, l’Assemblée générale des Nations unies veut faire reconnaître l’importance stratégique des compétences dont les jeunes sont nantis.
Cette année, le thème retenu est « former les enseignants, les formateurs et les jeunes pour un avenir transformateur ». L’objectif est de doter les jeunes des compétences dont ils ont besoin pour opérer leur transition vers le marché du travail et s’engager activement dans leurs communautés et leurs sociétés. C’est également une occasion exceptionnelle pour poser le débat avec ces derniers dans la perspective de leur offrir des plateformes pour valoriser leur savoir-faire et créer des conditions optimales pour combler leurs insuffisances.
Sur le continent africain, les jeunes représentent environ 77 % de la population totale, selon une information du média allemand Deutsche Welle. C’est la démographie la plus galopante et la plus exposée au chômage. Une étude de la Banque mondiale révèle que 60 % des chômeurs en Afrique sont des jeunes. En Afrique du Nord, le taux de chômage des jeunes est de 25 %, mais ce taux est encore plus élevé au Botswana, en République du Congo, au Sénégal et en Afrique du Sud, entre autres pays. Par conséquent, chaque jour, les perspectives d’avenir des jeunes se réduisent faute d’accéder à un emploi rémunérateur et décent.
Ce sombre tableau appelle à un questionnement pour repenser les voies et moyens devant permettre aux jeunes de jouer pleinement leur partition en tirant profit des opportunités sans cesse nombreuses sur le continent.
Les jeunes, à la fois une menace et une opportunité
Les jeunes en Afrique représentent à la fois une opportunité et une menace pour le continent. Une opportunité dans la mesure où ils constituent un capital humain sûr. Une masse critique de main d’œuvre pouvant jouer un rôle majeur dans la transformation de nos sociétés si elle est utilisée à sa juste valeur.
Par contre, les jeunes peuvent être une menace si les politiques publiques ne sont pas mises en œuvre à leur profit. Sachant que de longues périodes de chômage ou de sous-emploi dans l’informel peuvent compromettre en permanence le potentiel de production future et les perspectives d’emploi. Le risque d’un basculement dans le voyeurisme et les maux similaires devient dans ce cas évident. A ce propos, une enquête réalisée en 2011 par la Banque mondiale a montré qu’environ 40 % de ceux qui rejoignent des mouvements rebelles se disent motivés par le manque d’emplois. Ce voyeurisme revêt des visages selon les pays. Par exemple : « Kuluna » à Kinshasa (RD Congo), « Weuyou » à Dakar (Sénégal), « Feyman » à Yaoundé (Cameroun), « Bagando » à Libreville (Gabon), pour ne citer que ceux-là.
Dans le même ordre d’idées, l’on assiste à une immigration irrégulière de milliers de jeunes africains qui sombrent aux larges de l’Atlantique. Au Sénégal par exemple, le slogan en wolof « Barça wala barsax » qui pourrait se traduire par « Barcelone ou rien » est devenu un credo. Les jeunes voulant coûte que coûte atteindre un eldorado hypothétique au péril de leur vie.
Si plusieurs causes peuvent expliquer cette situation, il convient d’en évoquer au moins trois. D’abord, la formation de base qui n’est pas accessible à tout le monde, et la qualité des enseignements dispensés qui ne répondent pas aux désidératas du marché. Ensuite, la dsicrimination dans l’accès à l’emploi dont les jeunes font l’objet surtout lorsqu’elle est associée au genre. Cette discrimination dont les conséquences sont parfois irréparables peut revêtir des formes variées touchant à l’âge, la classe sociale, la tribu, la nationalité pour ceux qui vivent hors de leur pays d’origine. Enfin, le manque de confiance en la jeunesse qui retarde ou freine leur insertion sur le marché du travail. On leur reprocherait le manque d’expérience professionnelle pouvant les qualifier à un poste important.
Croire en la jeunesse africaine
Les opportunités sur le continent ne tarissent point. L’Afrique pourrait devenir le moteur de la transformation économique mondiale si elle parvient à tirer profit de sa population jeune sans cesse croissante et compétente. Cela nécessite un leadership visionnaire capable d’opérer une rupture avec les improductives approches d’accompagnement des jeunes pour enfin obtenir le changement souhaité.
Le défi actuel est de considérer l’employabilité des jeunes comme une urgence parmi les priorités. Pour cela, il faudrait davantage investir dans le développement de leurs compétences, promouvoir l’équité et l’inclusion dans l’accès à la formation et à l’information, encourager la formation professionnelle pour les jeunes travaillant dans le secteur informel. Les employeurs ont un rôle à jouer à ce niveau, en créant par exemple des stages et en donnant aux jeunes leur chance lorsqu’un poste se libère.
Sur le continent, des initiatives louables sont mises en place pour accompagner les jeunes à opérer une transition réussie vers le monde professionnel, au nombre desquelles Impact Career. Il s’agit de la première plateforme de dialogue de haut niveau avec les acteurs inspirants du moment qui opèrent sur le continent. IMPACT CAREER vise à développer chez les jeunes le goût de l’excellence afin de leur offrir les clés pour réinventer l’Afrique de demain. Rendu à sa troisième édition, l’événement suscite de plus en plus d’intérêts. L’édition de cette année entend tenir toutes ses promesses.
Pascal Muteba & Cyrille Mbangué
Team IMPACT